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C'est son art qui a permis au Champa de se faire connaître. Les premières découvertes des fondations religieuses, des temples et autres sites ont été le fait des archéologues français au moment où la colonisation commençait. Ses sites cham n'avaient, par le passé, jamais été exhumés. Tout juste les habitants riverains se servaient-ils en pierre ou de certaines statues qu'ils plaçaient dans leurs propres lieux de culte pour en faire des génies locaux, alors que les pilleurs avaient compris qu'au pied des ruines des constructions cham se cachaient parfois des trésors.
De ce fait, lorsque les premiers vestiges ont commencé à être fouillés, de nombreux objets sont sortis de l'oubli.
C'est à travers ces vestiges matériels que vont être dessinnées les grandes lignes de l'histoire et de la vie du Champa et des Cham, parfois avec une certaine extrapolation... L'étude du Champa se centre alors sur ce qu'il offrait, à savoir ses vestiges matériels. Ce n'est pas un hasard si le premier Bulletin de l'École française d'Extrême-Orient s'ouvrait sur "La religion des Chams d'après les monuments, étude suivie d'un inventaire sommaire des monuments chams de l'Annam". Et même si ce même BEFEO de 1901 contient, une centaine de pages plus loin, un article sur les "Caractères généraux de l'architecture cham". Et on a là une des caractéristiques principales des études cham, à savoir que les vestiges matériels forment le socle témoin du Campā ancien dont la majorité des chercheurs se serviront pour interpréter l'histoire du royaume. Sous l'égide de l'EFEO, de nombreuses fouilles archéologiques et plusieurs dégagements s'ouvrent donc sur tout le territoire qu'occupait le Champa.
L'art et l'archéologie forment ainsi le premier des thèmes d'études cham et la publication d'articles et d'ouvrages sur ces domaines a toujours été abondante. Les monuments, les statues, les sculptures, les objets d'art, et maintenant les découvertes archéologiques, sont des sujets d'études encore variés et, bien que le fonds soit plus modeste que pour le monde khmer, il permet encore de nombreux travaux de recherche.
Charles Lemire pour la province de Bình Định et Claude Paris pour le Quảng Nam et le Nord de l'An Nam sont les premiers à publier des articles sur les monuments cham et à révéler leur existence, avant qu'Étienne Lunet de la Jonquière sorte le premier inventaire consacré aux vestiges cam1. Puis, les chercheurs de l'École française d'Extrême-Orient, menés notamment par Louis Finot, Henri Parmentier et Charles Carpeaux, effectuent des inventaires détaillés du patrimoine historique cam et des fouilles archéologiques dans les principaux sites cam (Mỹ Sơn, Đồng Dương, Trà Kiệu...).
Des synthèses de l'art du Champa sont entreprises par Philippe Stern et Jean Boisselier dans la seconde moitié du XXème siècle. Et depuis l'indépendance du Việt Nam, des chercheurs viêtnamiens, japonais, français et anglo-saxons poursuivent l'étude de l'art et de l'architecture du Champa.
Depuis quelques décennies, les découvertes enregistrées par l'archéologie permettent d'inclure l'histoire du Campā dans celle des échanges régionaux avec l'Asie du Sud-Est et d'esquisser la protohistoire de ce pays.
Parallèlement, les spécialistes de l'Inde dépouillent toutes les sources épigraphiques laissées par les relais de ce pays dans l'Asie du Sud-Est. Ils parviennent ainsi à montrer comment l'Inde s'est imposée, par les voies marchandes notamment, et comment elle a diffusé son art, sa religion et sa pensée à de nombreux pays dont le Champa.
L'épigraphie tient ainsi une bonne place dans les études des vestiges matériels. Les stèles et pierres gravées en sanskrit ou en cham ancien sont en effet nombreuses, mais leur nombre est de très loin inférieur à celui des sources épigraphiques khmères (rapport de 1 à 5). À la fin du XIXème siècle, Étienne Aymonier, Abel Bergaigne et Auguste Barth publient les premières traductions des inscriptions cham. Louis Finot et Édouard Huber poursuivent ce travail mais après 1918, un coup d'arrêt à l'étude de l'épigraphie cham est donné. La difficulté d'interpréter ces textes, de déchiffrer le cham ancien et la découverte du corpus épigraphique khmer bien plus dense sont parmi les causes qui ont conduit à l'abandon des études épigraphiques. Un renouveau de l'intérêt porté à celles-ci est cependant apparu ces dernières années.
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